Théâtre Forum à propos des « faux positifs »
En septembre 2009, plusieurs membres de TEJE Paris se sont formés au théâtre-forum grâce au réseau Etudiants & Développement. Ce weekend de formation a été l’occasion de jouer, de se toucher, de s’appréhender, de se connaître, de déblatérer, de murmurer, de réagir… bref tous les outils pour comprendre ce qu’est le théâtre-forum et essayer de monter notre propre saynète.
Mais au fait oui ! Qu’est-ce donc que cette étrange matière appelée « théâtre-forum » ?
Le théâtre forum est une technique de théâtre mise au point dans les années 1960 par Augusto Boal, dans les favelas de São Paulo. Le principe est que les apprentis comédiens (eh oui pas besoin d’être un grand professionnel !) jouent une scène préparée ou improvisée de 15 à 20 minutes sur des thèmes illustrant des situations d’oppression ou des problématiques sociales, économiques, politiques d’une population. À la fin de la scène, qui en général se termine mal, le meneur de jeu, appelé « joker » propose de rejouer le tout et invite les membres du public à arrêter la scène à des moments donnés et à remplacer un des acteurs (ou plusieurs) s’ils pensent pouvoir dire ou faire quelque chose qui améliorerait ou changerait la situation.
Pourquoi TEJE Paris pense que cette technique est intéressante pour son action dans la solidarité internationale et d’éducation au développement ? Nous croyons que les thèmes socio-politiques difficiles et complexes à comprendre dans le cadre d’une conférence ou d’un débat par tous les publics peuvent être mieux appréhendés d’une manière ludique. Pour nous, le théâtre-forum est une technique de théâtre participative qui vise à la conscientisation et à l’information des populations autour des sujets difficiles que nous essayons d’aborder.
Par exemple, nous avons essayé de travailler autour du thème des « faux-positifs », un thème totalement inconnu en France. Il s’agit de dénoncer les exactions commises par des soldats colombiens. Ceux-ci font passer pour des guérilleros morts au combat des civils, qu’eux-mêmes ont tués puis déguisés, afin d’obtenir des récompenses : semaines de vacances, promotion hiérarchique ou argent.
Ce thème si dur psychologiquement (on parle là de guerre et de mort) et si difficile à aborder dans un pays peu informé à ce sujet, nous avons réussi à le traiter à travers quatre personnages.
Une Française et une Colombienne se promènent dans les rues de Bogota quand elles croisent un vendeur de journaux à la sauvette et sont témoins d’une scène surréaliste : un soldat est en train de convaincre le vendeur de rejoindre les rangs de l’armée… Et si vous voulez savoir la suite, eh bien, il faudra venir nous voir !
En tous les cas, nous avons pu jouer cette scène lors de la Semaine de la Solidarité Internationale à la mairie du XXe à Paris en novembre 2009. Et nous avons également pu la jouer en avril 2010 lors de l’étape française préparatoire au Sommet des Peuples à Madrid, coordonnée par France Amérique Latine, qui eu lieu en mai.
Un public conquis et un franc succès dont vous pourrez voir des extraits ici